• Instants,  La classe !

    ad ultimam

    Ce lundi, la canicule (du lat. canicula, « petite chienne ») a enfin lâché prise. Les Bretons et P. ont lancé une opération nettoyage du jardin de ta biquetterie. Le midi, vous vous retrouvez autour de la table. Vous parlez d’hier, de la randonnée à Lyons-la-Forêt. Il faisait tellement chaud qu’à tour de rôle ils avaient maintenu un parapluie ouvert au-dessus de ta tête. Les passants te regardaient, espérant croiser quelque célébrité. Vous aviez ri comme des gamins. Tu ne sais plus pourquoi mais autour de la table, P. et toi avez dévié vers des énigmes étymologiques. Il te demande si tu connais l’origine du mot adulte. Avec une fausse modestie, tu…

  • Instants,  Kiosque

    Ombres

    Tu te demandes :si l’ombre d’un homme peut être le rêve d’un arbrel’ombre de l’arbre planté là haut sur les cendres de ta disparuepeut-elle être le songe d’une femme ? photo : Ce que je sais de mon ombre, Fabien Mérelle, exposition « Ligne de vie » à la Matmut, St Pierre de Varengeville.

  • Instants

    Métaphore

    elles avancent inlassablementaller et retourles fourmis sur le tuyau d’arrosageest-ce un raccourci pour ellesplutôt que le passage par l’herbe sèchetantôt à droite tantôt à gaucheil n’y a pas de règle de circulationquand elles se rencontrentelles donnent elles prennent rapidementdes nouvelles du bout de leurs antennes et repartent déterminées

  • Instants

    (dé)gonflée

    J’ai lu quelque part que la nacelle de la montgolfière est appelée une gondole. La chimio de la semaine dernière m’a méchamment gondolée. Alors que j’avais traversé les six précédentes avec impertinence, en mode la bacchante battante d’une énergie époustouflante qui continue de marcher, courir et faire du vélo entre deux, la 7ème m’a prise par surprise. Choc anaphylactique. Une enveloppe sans le souffle qu’il a fallu garder en observation. J’ai bien cru que je n’y arriverais plus, à marcher, à courir, à monter sur un vélo et à retourner en chimio. Me voici à nouveau gonflée, mon corps ne manque plus d’air et demain j’irai humblement pointer pour la…

  • Instants

    Drone / ronde

    Ce matin, tu es déjà branchée à la première poche de chimio, celle qui va te faire somnoler et te coller les neurones entre eux. Tu ouvres ton calepin et notes quelques idées en attendant de pouvoir aller sur tes îles indigo. C’est le mot drone (est-ce parce qu’il rime avec neurone ?) qui apparaît. Il te faudra trouver les mots justes pour parler de ceux qui envahissent le ciel de Gaza, du massacre sans fin en dessous, du voilier Madleen (prénom qui vient de l’hébreu Magdala « celle qui évoque un souvenir ») arraisonné par Israël. Oui, il faudra. Il faudra aussi parler du ballet de drones qui a noirci le…

  • Instants

    Exploit

    Il a plu cette nuit tu n’as rien entendutu as dormi le temps d’un Soulier de satinsans que se soulèvent tes paupières tu soupires de satisfaction ton deuxième café tu le prends assise sur le rebord de la fenêtreles hirondelles tracent déjà des cercles sous les nuageset sur le toit de la dépendance le rouge-queue continue de télégraphier « huit huit huit » il t’a accueilli hier à ton retour de chimioun tête à tête à grand écartson énergie obstinée secoue ta fatigue te voilà prête à randonner le long du chemin de halage avec M. elle te dit qu’elle a réservé une place pour la pièce de Claudelen la cour d’honneur du palais des papes…

  • Instants

    Tu refermes chaque journée tôt inutile d’aller quémander un rab d’énergie quand les batteries sont à platen échange tu ouvres la suivante au moment même où un premier oiseau est-ce le même chaque matindonne le la à tous les autressoudain c’est concert dans l’airpour appeler le soleil qui se fait beauun nuage s’est installé sur le fil électriqueaux premières logestoi tête et pieds nus dans ta ruetu laisses cet instant te vivifier

  • Instants

    Déjà demain

    Tu serais bien restée dissimulée dans les hautes herbes comme l’oiseau canadèche ou comme les gouttes de pluie, immobile sur la feuille d’arroche. Mais demain c’est mardi, et le mardi c’est chimio. C’est reparti pour ta résidence secondaire. Tu sais ce qu’il n’y aura pas : ta coloc de chambre qui, elle, a une pause, ta frangine qui, la semaine dernière, pendant que tu reçevais toutes les poches de nectar, courait dans Rouen pour trouver la crème solaire, le lait pour le corps (tu avais déjà utilisé un tube de chaque), les câbles pour les nouveaux écouteurs et téléphone et de larges tuniques en lin. Elle a improvisé un défilé…