• Biffures,  Instants

    En vies

    Aujourd’hui est un jour 1 Jour 1 pour ta chimio : au bout de combien de mardis, pourras-tu parler de rituel ? Peut-être dès la semaine prochaine.Pour l’instant tu prends tes marques : au premier étage, le hall dessert l’hôpital de jour, le labo d’analyses sanguines et la cafét’. Là, Josette fait des mots croisés et Paulette des mots mêlés (les prénoms n’ont pas été modifiés).Toi, tu mêles ta présence à ces lieux nouveaux et tu croises des lettres lumineuses : place aux envies. Mettre un nouvel espace : place aux en vies. Sur la table, tu as posé le roman Les mains vides. Ce titre parle de toi aussi.Jour…

  • Instants

    cri étoufféet murmure du coeur aux commissures du printempsà la fissure du silenceà la lumière mêlée à la tristesse biffures de la page 105 de L’oiseau canadèche de Jim Dodge et de la page 19 de Le chant des pentes de Simon Parcot

  • Instants

    Une chambre à soi

    Ça y est, j’ai une petite chambre implantée sous la peau. Au bloc, hier, avant que le champ stérile ne recouvre tout, j’ai placé ma paume sous la clavicule, à droite. Surface plane encore un peu. On laisse la playlist ou vous voulez un album particulier ? J’ai choisi Moanin’ d’Art Blakey. C’était réconfortant d’avoir un peu de connu et les souvenirs qui vont avec, avant le grand saut. Et j’ai laissé la chirurgienne oeuvrer. Elle a piqué, ouvert, trifouillé, glissé, enfilé, recousu et pendant tout le temps qu’a duré l’opération, nous avons parlé de littérature, dernières lectures -ah, Madelaine avant l’aube !- et coups de coeur – vous n’avez…

  • Instants

    En bref (j’essaie)

    Faire tenir deux mois en quelques lignes : tétanisée un soir de résultat de biopsie positive (la précédente était revenue négative)tétanisée (bis) un soir de résultat de petscan : on rajoute le pancréas au sein– t’es un grand malade de t’acharner sur moi comme ça ! C’est quoi ton problème ?, que j’ai dit à l’universil ne m’a pas répondu ou je n’ai pas entendu quoi d’autre alors qued’accepter d’habiter le jour présent (c’est le seul endroit où vivre aujourd’hui) avec les ami.e.s et la famille qui s’installent sous le cerisier de la biquetteriey rencontrer un hérisson et un aigle lors d’un voyage chamanique« le cercle de mon vol te protège »toi…

  • Biffures

    signe mystérieuxlangage qui tangueelle voudrait le clapotis qui fait valdinguerla gravité Biffures de la page 87 de Vivre tout bas de Jeanne Benameur et de la page 195 de La barque de Masao d’Antoine Choplin

  • Instants,  Non classé

    Fais honneur à la légèreté (2)

    tu disais : quand je jardine seule, je sens la présence de mon pèresous un soleil enfin làcouper les tiges des fleurs qui ont traversé l’automne et l’hiver, anémones et asters, me dire que tu ne verrais pas les suivantes rendre au jardin une horizontalité provisoire découvrir que les anémones, oxalys et pivoines sont sorties de terre leur faire de la place et sentir ta présence

  • Instants,  Kiosque

    Fais honneur à la légèreté (1)

    « Il y a toujours un moment où la vie présente pousse doucement les images dans un creux de la mémoire jusqu’à la prochaine fois. Le temps où les souvenirs dorment, c’est un repos qu’il faut savoir apprécier. Ce repos-là dans la douleur est aussi un cadeau de la vie et il faut apprendre à l’honorer. »Jeanne Benameur, Vivre tout bas

  • Instants

    Résister (3)

    « La pire des attitudes est l’indifférence, dire je n’y peux rien, je me débrouille. En vous comportant ainsi, vous perdez l’une des composantes essentielles qui fait l’humain. Une des composantes indispensables : la faculté d’indignation et l’engagement qui en est la conséquence. » Stéphane Hessel ((lu dans Résister de Salomé Saqué ) Chaque jour, je parcours la version numérique du Monde, à la recherche d’au moins un titre qui apaiserait, soignerait, panserait. Chaque jour, j’échoue sur cette même pensée : notre monde va mal, notre monde a mal. Mal à hier : on commémore la découverte d’Auschwitz. Gestes et propos se banalisent, c’est par là que ça nous revient en pleine gueule. Mal…